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Parfois tu vas à certains concerts sans trop savoir à quoi t'attendre. C'était le cas ce soir là. Disponible au dernier moment (Un grand merci à Transrock pour l'accréditation accordée le jour même) je me rends au Krakatoa de Mérignac sans trop savoir à quelle sauce je vais être mangé. Peu de monde devant la salle. Il faut dire que le monde musical de Mansfield Tya se mérite. Leur musique n'est pas des plus abordables, et c'est tout à leur honneur.
En première partie nous avons droit à quarante minutes de l'américaine Maia Vidal, qui s'adressera au public dans un français absolument parfait (Les études en France peuvent aider...). La jeune fille est née à Santa Barbara, Californie, et lorsqu'on a suivi un petit peu sa carrière, on se rend compte qu'elle n'est pas la première venue. Bassiste du groupe punk rock Kiev (Puis Kievan Rus) à l'age de 15 ans, elle enregistre deux albums et un EP entre 2003 et 2005. Poursuivant ses études à Barcelone et Paris, en 2010 elle sort un album composé de reprises de Rancid, avec son projet You Kid Sister, avant de se lancer dans la grande aventure solo en 2013 sous son propre nom. Son dernier album (Le troisième) "You're The Waves" est sorti en septembre dernier chez les belges de Crammed Discs. Pas la première venue, donc. Et Maia a bien mûrie depuis ses débuts dans le punk. Fini l'agréssivité adolescente, dorénavant elle alterne les morceaux intimistes avec d'autres beaucoup plus électro pop, et de sa voix haut perché touche le public présent qui lui réservera un accueil sympathique. Il faudrait juste un petit peu moins minauder sur certains titres, lâcher les chevaux sur d'autres, de façon à paraître un petit peu plus naturelle, et à 27 ans, la demoiselle aura tout l'avenir devant elle pour repasser ici même en tête d'affiche....
La dernière fois que j'ai vu Mansfield Tya, c'était à l'occasion du Late Summer Festival organisé par Bordeaux Rock au Palais des Sports de Bordeaux en 2012, en première partie des Buzzcocks. C'était une totale découverte, et j'avais apprécié le monde de Julia et Carla. Mais sans réellement accrocher. Ce soir sera donc la confirmation de ce que j'avais déjà entrevu trois ans plus tôt : Un talent fou. Alors certes la salle est loin d'être remplie, mais au moins les gens présents connaissent la musique du duo, connaissent le parcours des deux musiciennes, ainsi que leurs titres, l'ambiance n'en sera que plus chaleureuse durant toute la soirée.
Les lumières s'éteignent, une sirène retentit, grosse nappe de synthé, boite à rythme...."Cerbère", datant de 2011, ouvre le concert. Rare pour un groupe d'ouvrir avec un ancien morceau. En général c'est le dernier album qui est mis en avant. Laura entre en scène, dans le noir, visage éclairé... puis sa voix, prenante, atypique, puissante vous transperce... Même si musicalement je n'accroche pas tout de suite, j'ai exactement la même sensation que trois ans plus tôt : Il se passe quelque chose.
Puis Carla se saisi de son violon, et le premier extrait de "Corpo Inferno", l'album sorti en Septembre 2015 chez Vicious Circle, démarre... "La Fin Des Temps" vous saisi instantanément. Quelle beauté que ce morceau ! Nous n'avons que trois titres pour faire des photos du groupe depuis le pit, mais là, on ne peut que s'asseoir, écouter.... Et être subjugué.. Les poils se hérissent, la boule au ventre, un peu plus et les larmes auraient fait leur apparition devant autant de beauté. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vécu un tel moment lors d'un concert. C'était juste..... Sublime.
S'ensuivent "Cavaliers", puis "Le Dictionnaire Larousse". Ce dernier titre fera sourire plus d'une personne dans la salle avec ses paroles à la franchise crue mais remplies d'humour. (Non, Ecce homo ne veut pas dire être pédé...). Carla pince les cordes de son violon en pizzicato, ce qui donne un côté assez original au morceau. Puis "Loup noir" nous fait instantanément penser à un morceau de Shannon Wright, lorsque celle ci est seule au clavier. Normal me direz vous car le morceau a été écrit à 6 mains entre Shannon, Carla et Laura. Ca se ressent instantanément. Carla se charge du chant et du piano, Laura des choeurs. Le moment est touchant car leurs regards se croisent régulièrement, remplis de complicité et d'émotion.
Les morceaux s'enchainent, chacun avec sa propre identité. On passe d'un "Des Coups Et Des Coeurs" très électro suivi d'un "Pour Oublier Je Dors" (En partie inspiré du poème Le vin de l'assassin de Charles Baudelaire) qui vous prends aux tripes avec ce mélange claviers / violon... Le phrasé de Carla au violon est sublime sur ce morceau et son talent fait rayonner toute la salle de bonheur. Puis c'est le moment de la cover de la soirée. "Pendant Que Les Champs Brulent"... Tout le monde connaît cette chanson de Niagara. C'est un duo violon voix qui nous est proposé par Mansfield Tya sur ce morceau. Carla, qui a une belle extinction de voix, aura beaucoup de mal à assurer les choeurs qui sont dans les aigus, ce qui fera beaucoup rire toute la salle, et les deux Nantaises.
"Bleu Lagon" et "La Nuit Tombe" viendront conclure le set .. Le premier est un morceau très électro qui, avec des paroles de Julia assez noire mais assénées sur un rythme plutôt très enjoué (C'est ça aussi Mansfield Tya, elles ne sont jamais là où on peut les attendre), ne dépareillerai pas sur les dancefloor du samedi soir, pas forcément mon aspect préféré du duo, mais elles le font bien. Et de toute façon je ne pense pas que les boites de nuit soit le but recherché.. Le second dure prêt de 10 minutes. Un départ sur une tourne de batterie ultra simple, au beat lourd et lent, voix susurrées, les synthés rentrent.. puis le violon... le rythme reste le même sur tout le titre mais plus on avance plus le son se fait puissant, les voix passent de susurrées à hurlées... c'est abasourdi par autant de puissance dans un morceau on ne peut plus simple, et qui commençait pourtant de façon très intime, que le public rappellera les filles.... Qui ne se feront pas prier pour revenir.
"Logic Coco" est demandé par le public, mais c'est une partie de "L'Amour à La Plage" (Encore Niagara) qui sera improvisé dans une belle communion avec l'assistance suite à la demande d'une spectatrice... Et comme le dit Laura, elles vont pourtant jouer quelque chose de beaucoup moins festif, à savoir "Je ne rêve plus", avec ses lyrics d'une tristesse infinie, et son violon qui vous arrache une larme.. (encore...)
"Logic Coco", d'abord paru sur l'album NYX en 2011, puis ressorti sur la compilation FolfTunes 2 en 2014, fait enfin son apparition sous les hurlement des spectateurs qui la réclamaient quelques minutes plus tôt.. Les filles, détendues, se marrent comme deux ados lorsque Carla n'arrive pas à monter aussi haut que prévu... Cette complicité est belle à voir. Puis après un ultime rappel non prévu (La musique était même revenue dans la salle...) Laura et Carla nous font un ultime plaisir avec "Et Déjà Demain", sorti en 2005 sur leur premier album "June". Toujours cette émotion qui vous saisi lorsque le violon de Carla se met à tressaillir... La voix de Laura n'est pas en reste, puissante et prenante. Carla fini le titre difficilement (vocalement parlant...) avec la voix tremblotante... mais parfois ce sont ces imperfections qui font les vrais moments de bonheur en live.. Et c'était le cas sur ce titre...
C'est le coeur gros mais rempli de bonheur que la salle se vide... Les deux Nantaises nous ont offert un show complet, couvrant leurs 4 albums, avec bien sur une préférence pour "NYX" sorti en 2011 et le petit dernier, "Corpo Inferno", avec respectivement 4 et 5 extraits, mais n'ont pas oublié leurs deux premiers albums.. Nous avons tous l'impression d'avoir vécu un grand moment. Un concert fait de joies, de rires, de drames (Mon Dieu le gobelet qui tombe à la fin de "Pour Oublier Je Dors" !!), d'émotions, de puissance, de tendresse, de complicité, d'amour..... Je ne sais pas combien d'adjectifs je pourrait continuer à écrire pour partager ce moment....
En définitive ce live report aurait pu comporter un seul mot : MERCI.
Texte et photos : Laurent ROBERT.
Merci beaucoup à Alice et au Krakatoa Transrock
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SETLIST MANSFIELD TYA :
01. Cerbère
02. La fin des temps
03. Cavaliers
04. Le dictionnaire Larousse
05. Loup noir
06. Des coups des cœurs
07. Pour oublier je dors
08 .Pendant que les champs brûlent (Niagara cover)
09. Bleu lagon
10. La nuit tombe
11. Je ne rêve plus
12. Logic coco
13. Et demain déjà