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Depuis qu'il a commencé dans le groupe N.A.P, Abd Al Malik n'a jamais cessé de contourner tout ce qui se fait habituellement dans le rap. Dans SON rap. Il n'est jamais là ou on l'attends. Il est libre Malik ! Et il touche à tout. Tout à tour slameur, rappeur, mais aussi compositeur, écrivain ou encore réalisateur. Qui a dit que tous les rappeurs étaient des idiots finis ? On est pas du tout dans le trip "Sapés Comme Jamais" de Maître Gimms..... Maître qui ?? Ok....
Bon, il lui a fallu du boulot pour en arriver là, lui, qui était dans sa prime jeunesse ancien dealer de Neuhof, à Strasbourg. On a rien sans rien !! Un peu de jugeote et surtout l'envie d'en découdre et de s'en sortir. Et il s'en est bien sorti Malik !! 4 victoires de la musique en poche, il peut se permettre de faire ce qu'il veut, quand il veut, avec qui il veut.
En 2015 il prends même de grandes libertés avec "Scarifications" sorti chez Pias Records. Ce cinquième disque solo qui s'est fait attendre 5 ans après "Château Rouge". Et le plus étrange est qu'il est intégralement produit par le parrain de la techno mondiale : Laurent Garnier. Abd Al Malik surgit une fois de plus là où on ne l'attendait pas. Mais ce n'est pas que un rappeur qui convoque un producteur, il ne faut pas croire ça. C'est avant tout le produit d'une rencontre entre deux artistes qui se découvrent, et ont eu envie de monter ce projet ensemble. Projet rempli d'histoires personnelles et d'idées neuves. d'échanges et pour Malik, de remises en cause. Il ne part pas en terrain conquis cette fois là... Il va falloir convaincre ses fans que Laurent Garnier était l'homme qu'il fallait à ce projet. Et ça n'est pas gagné. Ce 7 avril c'est au Rocher de Palmer, dans la salle 650, qu'il vient proposer ce nouveau projet en live, C'est un Malik prêt a prendre des risques pour convaincre les gens présents.
Cohérent, son nouveau spectacle est la prolongation de ce "Scarifications" : Novateur, entre rap, slam et bien sûr électro pur et dur. Laurent Garnier n'est pas là pour rien... Trois musiciens accompagnent le rappeur, dont son frère Bilal, fidèle au poste. Ils occupent tous le fond de la scène derrière leur ordinateur ou leur clavier, juste devant les grand écrans qui en prennent presque toute la largeur. Sur ces grands écrans défilent des vidéos fortes, très noires, très graphiques. A l'image de l'album qui est plutôt sombre, Malik jouant sur les ombres, et les contre jours, bougeant son corps de façon a créer un effet saisissant. Comme il le dit lui même sa "danse d’apache est vibrante". Et avec les écrans en fond de scène; l'effet 
est magnifique. Et quand il est rejoint au micro par son ami d'enfance du Neuhof strasbourgeois Mattéo Falkone, ça rappe un max, le flow s’ajoutant à la puissance des beats électro imaginés par Laurent Garnier. C’est fort et dense à la fois.
Le concert est aussi bien visuel que musical, c'est un ensemble. Un tout, construit comme une oeuvre d'art. L'un sans l'autre ça ne marcherai peut être pas... Et même si le set s’ouvre sur “Soldat De Plomb” et que bien sûr “Les Autres” comme “Gibraltar” (Écrit il y a quand même 10 ans mais toujours d'actualité...) ne sont pas oubliées, ce sont les chansons du dernier album qui forment l’ossature d’un concert qui malheureusement n'atteint pas les 90 minutes. Les morceaux s'enchainent, chacun avec son ambiance. "Stupéfiant", "Redskin" ou encore "Allogène" ont leur propre lighy show et leur propres images. On ne s'ennuie jamais. Le show se termine sur "Daniel Darc", magnifique morceau hommage (encore) qui fait l'objet d'un superbe clip vidéo en 3D. Mais vec 5 albums il aurait pu faire durer un petit peu le plaisir. C'est dommage.
Dans ses textes Malik raconte Régis et son enfance, la haine qu'il avait envers le monde entier avant de se lancer dans sa mission artistique. “Juliette Gréco” a droit à son bel hommage avec son titre homonyme, pendant que des photos d'elle en noir et blanc passent sur les écrans, et il y a même une allusion à Brel à la fin de "Les Autres". Des références que l'on aurait pas forcément imaginées chez un artiste de rap. Mais Malik est intelligent et a appris a puiser ses influences dans de multiples milieux... Wallen, qui partage sa vie et qui a participé à trois titres de "Scarifications", était là en sample, Laurent Garnier lui, faisait acte de présence avec des photos sur les écrans... Il est comme ça Malik, il reste lui-même, en famille, authentique et touchant par cette force intérieure, cette plume originale et surtout cette présence inouïe que les beats en transe ont décuplée. Mais je me répète, 80 minutes c'est court. Toujours est il que le public présent, peu nombreux et c'est bien dommage (1/3 de salle environ) ressort conquis par un spectacle intelligent, aussi bien visuellement que musicalement.
Photos et texte de Alexandrine Calsado
Merci beaucoup au Rocher De Palmer, et en particulier Aurélie, pour l'accréditation.
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Abd Al Malik, Bordeaux, Le Rocher De Palmer, 2016.04.07 | Facebook
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