Telegram (+ Johnny Montreuil), Bordeaux, Rockschool Barbey Club, 2017.02.16

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En général, quand Télégram, "l'autre" groupe du Bordelais Laurent Kébous, vient faire un p'tit tour en live à domicile, j'en suis. J'ai fait la connaissance des musiciens du groupe, à savoir Vinz et Laurent (Les Hurlements d'Léo), Chloé (La Cafetera Roja) et Julien (Damage Case / Cocktail Bananas), à Bergerac, en 2015. À cette époque le groupe était en résidence au Rocksane, et fêtait la sortie de son premier EP, dont vous retrouvez d'ailleurs bon nombre de titres sur leur premier album, sorti il y a quelques mois, et en version vinyle il y a quelques semaines. Bref, nous avions passé une bonne journée ensemble à prendre des photos au pays de Cyrano, tout cela clôturé par un concert au Rocksane. Cette fois ci on ne parle plus de release party, mais de véritable tournée. Beaucoup de dates en fin d'année 2016, dont une à Bordeaux, au Quartier Libre cher à Bertrand Cantat du côté de St Michel, et un nouveau départ début 2017 pour de nouveau concerts afin de fêter la sortie du vinyle. Ils doivent donc se trouver des sparting partners à la hauteur de leur "folk rock stomp" qui déboîte sur scène. Et après avoir régulièrement joué avec eux, ils ont fait appel au rockab' à la sauce banlieue romano de Johnny Montreuil. Pas d'embrouille entre aficionados de la musique, des rythmes qui déménagent, qui reviennent au basiques, sans chichis. R.P.C ne pouvait pas rater l'occasion du premier passage Bordelais des banlieusards Parisiens en compagnie des locaux de Télégram. Me voilà posé devant la scène, fin prêt pour le début de la baston des Séquano-Dionysiens.

Alors que Kik, superbe échalas de 180cm, l'oeil affûté comme un rasoir sous sa gapette, tout de cuir vêtu, ceinturon d'harmonicas en place, souffle comme un beau diable et nous sort une de ces petites merveilles de son ceinturon dès le premier titre, le bien nommé "Johnny Montreuil". Il est évident que c'est Johnny et Kik qui font le show sur scène. Et d'enchaîner comme de juste, avec "Devant l'Usine". Quand on assiste à un concert du groupe on ne peut que se rendre compte qu'on est pil poil dans le bon tempo. Titres et look vont de paire. Comme si le public n'avait pas compris à qui il avait à faire, il nous refourgue sa chanson-carte-de-visite. Ça va, Johnny, tout le monde à compris que tu es un "Artiste De Bar"… Mais quel bel hommage à tous les groupes et chanteurs qui passent leurs soirées à jouer dans les baltringues du fin fond de la France, entre conversations de spectateurs inattentifs et bruits de verres qui tintent. Et en plus, grâce à Ron et sa Grestch, le groupe peut se la jouer surf rock, voire country lover au grand coeur qui pleure. Ron balance ses solos comme des petits pains.. Tranquillou bilou, imperturbable. On reste dans le sujet avec "Au Fond Des Bars". Les morceaux s'enchainent et Johnny et Kik, toujours aussi complices, se livrent des duels contrebasse / harmonica bien saignants. Il est drôlement bien encadré avec ces deux là le Johnny, et Jacques Navaux à la batterie ne s'en laisse pas compter. Le groupe n'a plus besoin de nous convaincre, tout le monde est à fond, l'ambiance est chaude et pas besoin de nous pousser pour qu'on se prenne définitivement au jeu avec "Blues Du Ferrailleur". Et puis c'est avec une ode au taulards que le groupe conclue l'affaire. "So Long Taulard" mettra tout le monde d'accord. Le stand de merchandising aura son petit succès et nombre d'exemplaires de "Narvalo City Rockerz", le premier album du groupe, changeront de mains. Le second est en cours de réalisation et devrait arriver sous peu...  Johnny Montreuil est en train de se faire un nom en distillant ses chansons rock fortement teintées country inspirées du géant Johnny Cash et qui mettent en scène Montreuil, la banlieue, ses rades, ses rues, son métro, la galère... Avec son mélange de rock’n'roll, musique tzigane et chanson populaire, ce "mauvais garçon" au coeur tendre ravive une vieille tradition franchouillarde et incarne ce vieux truc authentique qui ne veut pas mourir, mille fois copié, mille fois repris, mais qui fait un bien monumental lorsqu'on a la chance de croiser autantr de sincérité. 

En parlant de sincérité et de gentillesse, les membres de Télégram se posent là également. Rapide changement de plateau et les voilà en place sur la petite scène du club de Barbey. Après un démarrage sur "Moins Qu'un Chien" enchaîné avec "L'Amour à Vif",  à la fois blues et rock par la saturation des guitares. 2 morceaux bien enlevés et rythmés qui nous plongent dans l'univers Télégram, univers indéfinissable, à la fois blues et rock, mélangé avec des musiques du monde grace à Vinz le multi instrumentiste, et à de la chanson Française. Pour "Addiction", Kébous appelle tout naturellement sur scène les membres de Johnny Montreuil. Les Montreuillois ne se font pas prier et ils nous offrent un bien beau duo sur ce titre folk-rock, Johnny étant au chant sur le micro de Julien Perugini, et Vinz s’offrant lui aussi une belle doublette instrumentale au violon avec Kik à l'harmonica. 

"Hoummamma ", morceau porté par la kora de Vinz qui fait merveille sur ce morceau, les lyrics de Kébous rendant hommage aux exilés, au migrants, d'où qu'ils soient. Un hommage à la souffrance. Pas de guest pour "Les Louanges Des Rouages", on apprécie d’autant plus les guitares de Kébous et de Chloé, toujours aussi sérieuse et concentrée derrière sa six cordes. Qu'est ce qu'on est bien chez Télégram, on se sent tout de suite à l'aise. Chassez le sens de l’hospitalité et le voilà qui revient au galop sur "L’Enclume Des Jours", chanson populaire, avec une belle guitare acoustique et sur un texte sublime. Après la superbe cover de Gainsbourg "Overseas Telegram" qui a inspiré le nom du groupe et avec une rythmique quasi-identique à l’originale, Laurent Kébous et sa bande se fendent d’une nouvelle reprise avec un titre de Mano Solo, "Julie", dont la version originale est sortie en 1999, et qui colle parfaitement avec le répertoire du groupe. Ça dégage de bonnes vibrations tout ça. Changement de configuration avec Julien Perugini qui se taille la part du lion avec son interprétation de "Open Your Eyes", titre qu’il a composé pour Télégram, et sur lequel il chante, martèle sa contrebasse et donne le tempo avec le stomp qu'il a aux pieds.. Quand on vous dit que Vinz n'est pas le seul multi instrumentiste de la bande... 

Last but not least, Kébous se lâche sur "Les Ornières", une merveille punk-rock-folk où les guitares saturées font leur retour. Suivra une reprise de Léonard Cohen, qui , pour une fois n'est pas "Alleluiiah". Rien que pour ça, déjà, merci. En effet, c'est un petit peu systématique que ce morceau soit repris. Alors oui, il est beau, oui Jeff Buckley en a fait une superbe version.... Mais ça devient redondant. Bref, ce soir c'est "The Partisan" qui est repris. D'ailleurs ce morceau de Cohen n'était que l'adaptation de "La Complainte du Partisan", écrite en 1943 par Emmanuel D'Astier de la Vigerie. Télégram termine par une dernière cover, le titre de Gloria Jones "Tainted Love". Il fallait oser. Mais Laurent a joué dans un groupe de rockabilly dans sa jeunesse, et pour lui c'est un standard inusable, et même si le morceau a été repris un certain nombre de fois, dont une version très connue de Soft Cell, la version de Télégram est tout à fait abordable. Beaucoup plus que la version de Marilyn Manson en tout cas. Le groupe devait jouer "I'm Your Man", noté en dernier sur la setlist, mais vu l'heure....... 

Beaucoup de dates sont programmées dans les mois à venir. Que ce soit dans le sud ouest ou ailleurs, et partout. Télégram passera par chez vous, à coup sûr. N'hésitez pas. 

Photos et texte de Laurent Robert.

Merci beaucoup à Télégram pour l'accréditation.

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