Amon Amarth (+ Dark Tranquility + Omnium Gatherum), Bordeaux, Le Rocher De Palmer, 2017.04.07

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Le Rocher de Palmer est coutumier des affiches métal atypiques, et bien souvent ça fait le plein dans la grande salle 1200. Après Ghost, Machine Head, Sabaton et d'autres, c'est au tour des vikings de Amon Amarth d'insuffler un vent du nord dans ce gros caillou rouge qu'est le Rocher. L'affiche est complétée par deux autres groupes. Omnium Gatherum et Dark Tranquility. Soit du Death mélodique, du Death mélodique, et du Death mélodique. Alors c'est sur, il faut apprécier le.... Death mélodique (Oh ?), mais pour les gens friands du style, c'était une programmation aussi pertinente qu'alléchante.

Et c'est donc Omnium Gatherum qui a la difficile tache d'ouvrir les hostilités. Originaire de Karhula en Finlande, le groupe tourne depuis 1997 est a sorti son 7ème album, "Grey Heavens" l'année dernière. Opus qui, malgré quelques titres sympas et le délai de 3 ans avec son prédécesseur, n’avait pas renouvelé le genre. Il faut dire que ce n'est pas chose aisée... Markus Vanhala, dernier membre fondateur du groupe encore présent, est le principal intérêt de la prestation des Finnois. Il est aussi reconnu dans le milieu pour son travail depuis 6 ans chez les compères de Insomnium. Et sur scène, c’est fatalement le seul qui semble se démarquer, de par son charisme et son expérience. D'ailleurs les éclairages de façade sont bien souvent braqués sur lui... Pour couronner le tout, le groupe souffre d’une lumière peu valorisante, comme c'est le cas très souvent pour les groupes d’ouverture. Le groupe, lui, musicalement, assure l’essentiel. Les musiciens se démènent comme des beaux diables sur le peu d'espace qui leur est dévolu, le public répond présent, du moins les premiers rangs, et il n'est pas rare de voir Jukka Pelkonen, le chanteur, taper dans les mains des personnes accolées à la balustrade du pit. Coté musique on notera le remarquable "Frontiers", extrait du dernier album, largement au dessus des autres titres, que ce soit en terme de composition aussi bien que au niveau de l’exécution scénique. Les six Finlandais sont énervés et le font savoir à coup de headbangs et de growls furieux. Le set est solide, maîtrisé et efficace, ils ont du métier, mais malheureusement sans surprise. Sur la dernière chanson, comme le dit le chanteur, c'est le moment de se donner à fond, et ça permettra à "New World Shadows" de tirer son épingle du jeu et d'être particulièrement pêchue et efficace.

Omnium Gatherum a assuré son set, ravi de voir que la sauce prenait quelque peu avec les Bordelais, mais l’effort déployé ne sera sûrement pas suffisant pour marquer les esprits des personnes présentes. Si vous voulez en savoir plus sur le groupe, la liste des albums est sur leur site officiel (Lien en bas de page) et je vous conseille fortement de jeter un oeil à leurs pochettes, car elles sont toutes aussi sublimes les unes que les autres.

On ne peut pas parler de Dark Tranquility sans leur accoler le statut de "Légendes du métal Suédois" ! Il faudrait imprimer un sticker pou le mettre sur leurs albums en vente... C’est dire si la formation était attendue et aurait même pu faire une bonne tête d’affiche. 24 ans de carrière, 11 albums au compteur dont le petit dernier "Atoma" sorti en novembre 2016, la formation suédoise était bien décidée à le promouvoir en live, et c’est assez logiquement qu'ils en joueront 4 extraits, dont un fabuleux "Force Of Hand" qui est juste énorme sur scène malgré une entame de morceau on ne peut plus molle. C'est étonnant d'ailleurs de jouer ce titre en premier, d'habitude les groupes ayant peu de temps sur scène mettent un morceau plus pêchu afin de rentrer dans le lard de tout le monde dès le début... La suite sera du haut de gamme avec des titres plein d'énergie comme "The Lesser Faith", puis "The Science Of Noise". Il y a beaucoup de mouvement sur scène, des sourires entre musiciens ou vers le public. Les hurlements du frontman ne semble pas lui demander le moindre effort et c'est tout-sourire qu'il growlera tout le set, quel que soit le titre joué. L'ambiance est clairement au rendez-vous et le public répond massivement pour chanter les refrains, comme lors du final "Misery's Crows". Au-delà des titres, c’est surtout le line-up qui aura marqué les esprits. Niklas Sundin, figure emblématique et fondateur du groupe en 1993, est remplacé par Christopher Amott de Arch Enemy. Un remplacement de haut standing quand on connaît le pedigree des deux guitaristes. Et au final, il semble que Christopher n’ait pas eu de peine à apprendre rapidement les titres puisque ça passe comme une lettre à la poste. Comme toujours, Mikael Stanne montrera ses qualités de vocaliste. Arpentant la scène sur toute sa largeur, sa maîtrise vocale est toujours très juste et sa prestance scènique de haut vol. On ne peut être que admiratifs. Par contre même problème que pour Omnium Gatherum, des éclairages qui ne mettent pas du tout en valeur le groupe, même si l'écran géant en fond de scène est largement utilisé (Trop ??) et donne une ambiance assez onirique à leur show. Ce groupe mérite, comme dit plus haut, à lui seul un passage en tête d'affiche.. À méditer... 

Place enfin au gros morceau de la soirée, Amon Amarth. Le groupe, fondé en 1992 sur les cendres de Scum, lui même formé en 1988. n'en est pas moins dans sa 25 eme année d'existence. 25 ans qu'ils bataillent fièrement ! Et le succès est enfin là. La lumière s'éteint enfin et reste seul éclairé le casque de viking immense au centre de la scène, sur lequel repose le kit de Jocke Wallgren, le tout nouveau batteur du groupe. Des plateformes sont disposées de part et d’autres de la vaste scène du Rocher. Une belle aire de jeux pour les musiciens ! D'ailleurs un détail troublant m'effleure l'esprit. Pour ceux qui s'intéressent un petit peu à la culture viking, il est bien connu que ceux ci ne portaient jamais de casques à cornes, car celui ci était un équivalent de la couronne royale. Uniquement pour la parade donc. Effectivement les vikings combattaient avec un bonnet en cuir, avant de le complexifier et de multiplier les casques en métal..... Mais sans cornes. Donc pourquoi faire figurer un casque à cornes sur la scène alors que le groupe parle beaucoup dans ses lyrics des batailles et des traditions vikings ? Ça en jette, certes.... Là est certainement la raison.... Bref ! Ne boudons pas notre plaisir de les avoir avec nous. D'autant plus que depuis "Twilight Of The Thunder God", plus gros succès commercial du groupe, atteignant la 50ème place du Billboard Américain, les Suédois naviguent en plein Valhalla. Leur Death Metal ultra mélodique fortement teinté de folklore viking a fait mouche auprès du public. Ils ont trouvé leur style et n’en dérogent quasi plus. De plus en plus populaire, le groupe sillonne l’Europe en tous sens, tout en donnant énormément de concerts un petit peu partout. Et des groupes de fans se créent partout autour de la planète... Depuis, la formation suédoise a sorti des opus un petit peu moins intéressants que celui nommé ci dessus, mais sa réputation live est désormais faite. Il n'est donc pas étonnant de voir un Rocher de Palmer archi comble pour les accueillir.  Et ce d'autant plus que c'est leur premier passage à Bordeaux. Il aura donc fallu attendre leur 10ème album "Jomsviking" pour les voir amarrer leur drakkar dans le port de la lune....

Sur ces entrefaites, nous apprécierons le premier coup d'épée (les vikings ne combattaient pas à la hache comme on veut nous le faire croire) asséné par les Suédois, avec un "The Pursuit Of The Viking" lâché d'entrée. BAOUM ! Certes c'est un hit loin d'être récent, mais qui a pour mérite de mettre tout le monde d'accord d'entrée de jeu. Comment dire.... Nous sommes directement plongés dans le bain. "As Loke Falls" s'enchaine sans laisser à la foule le temps de souffler, puis le charismatique Johan Hegg prend la parole pour annoncer, enfin, un titre issu du dernier album des Vikings, ce sera "First Kill". Si coté setlist, on retrouvera un bon quart des titres du dernier album, c’est également sans surprise que l’on verra "Deceiver Of The Gods" très à l’honneur. Nous aurons aussi le plaisir d'avoir des vieux morceaux tels que "Cry Of The Blackbirds" (2006) et "Death In Fire"(2002) par exemple, qui passent toujours aussi bien sur scène. 

Depuis quelques années, le groupe ayant pris une dimension certaine, les musiciens ont développé un sens du spectacle bien supérieur à la moyenne générale. Le meilleur exemple est sur "The Way Of Vikings" sur lequel deux figurants en armure et en peaux de bêtes viennent s'affronter avec des armes qui semblent réellement en métal, se protégeant derrière des boucliers en bois. Le groupe joue en retrait, voire pour certains membres depuis le bord de la scène, afin de laisser la place au combat. Les acteurs y vont franchement, on peut même voir à l'occasion quelques copeaux de bois voler des boucliers sous l'impact des coups ! La joute n'exalte pas forcément la foule, très attentive mais les combattants ne sortent de scène que lorsque l'un d'eux est vaincu, à terre. Sur d'autres titres, les figurants reviendront chacun d'un côté de la scène pour brandir des épées en rythme, ou des drapeaux, des haches, des lances, des arcs, selon la chanson sur laquelle ils interviennent. Alors certes c'est kitsch, mais, à l'instar de Sabaton (Dans un autre style), cela passe très bien compte tenu de l'ambiance que veut donner le groupe avec son décor de scène, voire ses lyrics. 

Jocke Wallgren nous fera une petite démonstration de son savoir-faire avec une double grosse caisse sur un sympathique solo de batterie en milieu de set. Dispensable, mais ça fait toujours son effet sur le public. Dans la fosse, l’ambiance est chaude. Slams, circle pit et autre wall of death sont évidemment de la partie. Wall of death qui ne partent jamais, mais alors jamais, sur le rythme du morceau. Ça m'a toujours fait rire.  Johan Hegg, chanteur immense par le talent comme par la taille, aime discuter avec son public en français. Après une nouvelle salve enchaînée avec "Runes To My Memory" et "War Of The Gods" le groupe se retire afin de mieux revenir pour le rappel. Lors de son retour le groupe arrive sur scène pour trinquer avec son public, tous les musiciens faisant la fête avec les gens en brandissant des cornes pleines d’hydromel ! Skol !!!! L’ambiance est détendue et bon-enfant. Un régal avant d'entamer un énorme "Raise Your Horns" chanté par toute la salle. D'ailleurs le clip de ce morceau est un assemblage de saynètes tournées par le groupe et d'extraits de concerts enregistrés à San Diego, Paris, Londres Tillburg, Berlin et au Hellfest 2016, auxquels s'ajoutent des vidéos envoyées par des fans où ils lèvent leurs cornes pour saluer le groupe. Effet garanti. 

On notera également sur "Twilight Of The Thunder God" qui clôture le show, la tête d’un Jormungand de 5 mètres de haut qui débarque sur scène, au dessus de la batterie, permettant à l’imposant vocaliste de lui asséner des coups de Mjolnir. La scène est digne de Spinal Tap et pourrait paraître ridicule ! Mais les groupes de métal ont toujours été friands de ce genre de gimmicks (Iron Maiden... AC/DC...) Et le côté kitsch a l'air parfaitement assumé. Juste avant, sur "Guardians Of Asgaard" nous avons eu, sur la gauche de la scène, l'arrivée de Heimdall, Dieu gardien du monde d'Ásgard. Un peu surfait tout ça, mais toujours rigolo à voir.

Au final presque deux heures de haute facture, dont nous sortons éreintés, mais avec la vague impression que tout cela tourne quand même un petit peu en rond...... Peut être qu'il va falloir se renouveler messieurs, quitte à déstabiliser le noyau dur des fans ? A voir. C'est une décision difficile à prendre et beaucoup de groupes sont plutôt tentés de rester sur leurs acquis.... L'avenir nous le dira.

Quant au Rocher de Palmer, nul doute que tous ces "sold out" à répétition pour les concerts de métal vont les encourager à continuer dans cette voie. 

Texte et photos de Laurent Robert

Merci beaucoup aux équipes du Rocher De Palmer pour l'accréditation. et particulièrement à Aurélie.

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