Live Report Lenny Kravitz, Cognac Blues Passions Festival, 2015.07.02

 (Lien de la galerie photos et des différents sites en bas de page)

Il y a quelques années le festival "Cognac Blues Passions" a dû se résoudre a prendre une décision radicale afin d'assurer sa survie, à savoir mettre en tête d'affiche des artistes n'ayant qu'un lointain rapport avec le blues. C'est pour cette raison que depuis 5 ans nous avons pu voir sur la grande scène du jardin public des groupes ou artistes comme Charlie Winston, Morcheeba, Moby, Texas, Duffy, Steve Lukather, Robert Plant, ZZ Top et bien d'autres.. (Ces trois derniers étant assez proches de la note bleue, toutes proportions gardées). Cette année nous avons eu droit, entre autres, à Katie Melua, The Ting Tings, Angus & Julia Stone, George Ezra et Lenny Kravitz. Je n'étais pas du tout sûr de pouvoir venir au festival cette année, et c'est la seule soirée pour laquelle j'ai pu me libérer.. C'est donc avec un réel plaisir que je retrouve le site propret mais si agréable du jardin public de Cognac.

En ouverture de la soirée nous avons eu un set de une heure de Benjamin Booker qui a fait rugir sa voix si particulière, éraillée mais si pure quant il le faut, sur des titres mi rock - mi blues, carrément rock ou même d'influence cajun. Très intéressant. D'ailleurs le public peu nombreux au départ (Benjamin fera remarquer qu'on se croirait à une "picnic party") arrive de toute part après 20mn de concert. A revoir de toute urgence. Puis sur la scène "Expérience Cognac" c'est le groupe Leon Newars & the Ghost Band, vainqueur du prix "Cognac Blues Passions Festival" en 2014, qui régalera une trop légère part du public, qui commence à se masser devant la scène "Blues Paradise" pour l'évènement de la soirée. C'est dommage, car leur mélange de funk, soul, vaudou, hip-hop, blues, aurait ravi certaines oreilles.  Accompagnés par une section de cuivres, leur musique est vraiment intéressante. Je dois avouer ne pas être resté jusqu'au bout, car je devais rencontrer certains administrateurs du site Français de Lenny Kravitz : "lennykravitzonline" afin de faire connaissance. D'ailleurs vous trouverez les liens de leur site en bas de page, à la suite du report.

Le concert de Lenny Kravitz est annoncé à 22h30. Et ce d'autant que après lui Fiona Boyes & Nathan James doivent prendre possession de la scène " "Expérience Cognac", mais c'est à 22h45 qu'il se présente enfin à nous, tout vêtu de jean, lunettes de soleil qu'il gardera une bonne partie du show, muscles et tatouages apparents, et ce sous les cris hystériques des groupies massées dans les trois premiers rangs...

Le concert débute bien sûr par deux extraits du dernier album "Strut", sorti il y a déjà un an. Mais quelque chose cloche... Le rythme n'y est pas. Le chant est sous mixé, les musiciens assurent et c'est carré, mais rien ne se passe en fait... Ils font le job... Lenny en aurait il déjà marre de jouer live son dernier album ? Le troisième titre, "American Woman", titre bonus de l'album "5" sorti en 1998 sera sur la même lignée. C'est lourd et sans âme. Du coup on commence à se poser des questions... Mais Lenny prend enfin la parole pour nous dire qu'il est désolé mais il a de gros problèmes de voix ce soir.

Tout s'explique.....

"It Ain't Over Til It's Over" démarre, et comme par miracle, la magie opère !! Comme si Lenny s'était délesté d'un gros poids en nous confessant ses problèmes vocaux... A moins que ce soit le fait de revenir aux morceaux qui ont fait son succès dans les années 90 ? Mais non, car sur "Dancin' Til Dawn", titre de 2008, donc beaucoup plus récent, le groupe joue enfin ensemble.

Les musiciens sont plutôt discrets, Craig Ross à la guitare a l'air bien taciturne mais est plutôt très concentré. Lorsqu'il part en solo il ressent vraiment ce qu'il joue. Lorsqu'il est rejoint par Lenny sur certains titres, les deux prennent la pose.. On est pas guitar hero pour rien, n'est ce pas ?

Gail Ann Dorsey à la basse est discrète ...comme une bassiste ! Qui restent d'ailleurs très souvent un rien placide sur scène. C'est le propre des musiciens de rythmique et particulièrement des bassistes. Par contre Cindy Blackman à la batterie est bien plus explosive, tout en restant très concentrée elle y va de ses grimaces et mimiques.. Cette femme peut tout jouer, elle vient du jazz, musique très complexe et prenante, donc jouer du rock et de la pop ne lui fait pas peur.. Elle accompagne Lenny depuis 1993... Il dit d'elle que c'est la pierre angulaire du groupe.. Ça n'est pas pour rien.

Après un "Sister" vite expédié, Lenny prends quelques secondes avant de faire signe à son groupe pour qu'il entame "Always On The Run", un titre phare de l'artiste, datant de 1991. Lenny prends son temps entre les titres, il faut qu'il repose sa voix. Il remercie vraiment le public d'être venu ce soir, et d'être aussi patient avec lui car il n'est pas au mieux. Ou bien une jeune femme lui hurle son amour et lui demande un baiser.. "What do you want ?" "Give me a kiiiiissss !!".. Il pose donc sa guitare et s'approche du premier rang sous les hurlements de la jeune femme.. Et des autres qui sont mortes de jalousie. Il enlace longuement la jeune femme qui n'en revient toujours pas, sous les yeux (et le téléphone) de son ami. Lenny sait comment plaire à son public, pas de doute. C'est une star à l'américaine... On prends la pose, on fixe les gens et on se régale des cris et des applaudissements. Il sait y faire.

"Always On The Run" donc ! Nous allons avoir droit à une version de plus de vingt-trois minutes.. Excusez du peu. Les musiciens auront leur moment de gloire les uns après les autres, particulièrement le trompettiste Ludovic Louis qui aura les honneurs d'un long moment au centre de la scène.

"I Belong To You" permet à tout le monde se calmer, Il se dégage quelque chose de spécial avec ce morceau, qui m'a toujours touché.. Le public ne s'y trompe pas, restant très attentif.. "Let Love Rule", classique parmi les classiques débarque sans prévenir. Et Lenny nous refait le coup du morceau à rallonge, cette fois ci il se permet un bain de foule en faisant le tour de l'amphithéâtre qui accueille 7000 personnes ce soir (Sold Out). Il revient sur scène pour clôturer le titre avec un solo de guitare en compagnie de Craig, avec qui il a une réelle complicité. Ces deux là se connaissent par coeur et il suffit d'un petit coup d'oeil entre eux pour qu'ils se comprennent. Lenny se donne encore après toutes ces années, lorsqu'il part dans ses solos il grimace, on le sent tendu comme un arc, il continue de vouloir tout donner à son public, il fait corps avec son instrument.. Il n'empêche que vingt cinq minutes sur un titre, c'est long...

Le temps d'enfourcher sa Gibson Flying V, tout le monde a compris, "Are You Gonna Go My Way" se profile à l'horizon.. Les cris s'élèvent déjà du public.

Le gros riff saturé fait son office, dans la fosse ça saute dans tous les sens, sans aller jusqu'au bon gros pogo (On est à Cognac, tout de même !!) le public se lâche.. Ce titre a toujours fait son effet en live et ce depuis l'année de sa sortie vingt quatre ans plus tôt.

Les trois derniers titres enchaînés, allant du plus cool au plus hard forment une parfaite transition pour le rappel... Lenny Kravitz reviendra nous gratifier d'un "Fly Away" plus rapide que sur la version studio, avant de quitter la scène afin d'aller soigner sa voix.... Le lendemain il joue à Arras, à l'autre bout de la France.... Il ne faut pas perdre de temps...

Après un début de concert assez décousu, le groupe a su se ressouder afin d'offrir un show digne de ce nom. Il a fallu une petite demi heure avant que ça ne décolle vraiment. Et il faut aussi avouer que onze titres dont deux à rallonge, c'est peu. Il est fort dommage que certains titres comme "Mr Cab Driver (Qui aurait apporté une touche bien plus rock au set) ou encore "Fields Of Joy" et "Black And White America" ne soient pas dans la setlist. Il aurait juste suffit de raccourcir "Let Love Rule" et "Always On The Run" de quelques minutes.

Toujours est-il que sous la carapace de l'artiste qui essaye de se montrer en grande star, prenant la pose, lunettes de soleil, ne souriant surtout pas, on voit bien que Lenny Kravitz est un grand bonhomme. Sincère avec son public. Il sait que c'est à lui qu'il doit tout. Et il le lui rend bien. Alors après on peut toujours le critiquer... Il pompe tout à ses aînés etc etc.. Il n'empêche que sur scène il est sincère. N'hésitant pas à s'excuser pour ses problèmes de voix, N'hésitant pas à venir distribuer des câlins et des bises.. Combien de ses aînés, justement, ne se permettent pas ces facéties que le public adore, les gens n'étant là que pour "payer" ? Nous aurons peut être l'occasion de répondre à cette question dans les mois qui viennent car justement les concerts de Scorpions, Deep Purple et Supertramp se profilent à l'horizon...

Laurent R.

Setlist Lenny Kravitz (105mn)

01 Frankenstein
02 Dirty White Boots
03 American Woman
04 It Ain't Over Til It's Over
05 Dancin' Til Dawn
06 Sister
07 Always On The Run
08 I Belong To You
09 Let Love Rule
10 Are You Gonna Go My Way
11 Fly Away

Videos du concert :

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