Suicidal Tendencies (+ Glock 203), Bordeaux, Krakatoa, 2018.11.08

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Ce soir, pour les légendaires Suicidal Tendencies, ce sont plus de 800 personnes qui investissent le Krakatoa un an et demi après leur dernier passage au même endroit. Sans surprise, le public de ST est tout ce qu’il y a de plus hétérogène : du punk, du metalleux, du coreux, du kid comme du cinquantenaire, et au-delà de ça, la joie de constater que 36 ans après les débuts du groupe, celui-ci draine un public hautement fidèle. Embarquement immédiat pour Venice Beach ! On ne va pas se mentir, quand un concert est annoncé avec ST, on ne regarde pas vraiment le nom de la première partie tant le groupe se suffit à lui-même. mais nous avons tout de même droit à un beau hors d'oeuvre, Glock 203. Groupe hardcore basé à Bordeaux et fondé en 2014. Le quatuor est ravi d'être là et fera montre d'une superbe energie durant tout leur set. Après plusieurs changements de line up durant l'année 2017, dont le départ d'un des membres fondateurs pour les Etats-Unis, et une réorientation artistique, Glock 203 revient avec un. nouveau EP, le bien nommé "Hard Times" et comprenant 5 titres. le groupe est beaucoup plus habitué a jouer dans des salles plus modestes, et ce soir ils ont vraiment envie de se faire plaisir, ravis d'être invités à ouvrir pour de légendaires Américains. Mention spéciale à Hugo (Guitare) qui se donna à fond durant tout le concert, à l'instyar de Gurvan, au chant. Une super découverte, à revoir prochainement pour un set plus dense. 

                  Après l’échauffement, les Américains de Suicidal Tendencies investissent la scène pour 1H35 d'un metal core jouissif. Petit historique pour les nouveaux venus. Le groupe se forme en 1982 à Venice, en Californie du Sud. L’année suivante, le premier album est dans les bacs. C’est un mélange de punk hardcore vindicatif et militant ainsi que de trash-metal. Pour un premier essai, c’est un coup de maître car l’un des titres, "Institutionalized", devient même un hit pour les fans de skatecore qui regardent MTV. Dans les albums suivants, "Join The Army" (1987), "Lights… Camera … Revolution !" (1990), "The Art of Rebellion" (1992) et "Suicidal for Life" (1994), le groupe incorpore des bribes de funk à son métal et affine considérablement son style. Malgré cela, l’image rebelle des Californiens est de plus en plus forte et Suicidal Tendencies est même banni de la plupart des lieux organisant des concerts dans la région de Los Angeles. Depuis ces lointaines années le groupe n'a rien perdu de sa puissance mais a réussi a devenir culte auprès des fans. Ce soir c'est leur cinquième passage dans cette salle et ils sont comme chez eux. Le groupe n’est pas encore sur scène qu’on sent le public déjà chaud bouillant. Les plus die-hard fans scandent «  S-T, S-T, … » ...21h30 sonne, les Américains entrent en scène et semblent, par leur simple présence installer une ambiance explosive intenable. La scène est une arène et le concert est un combat. Dès les premières notes, c’est une explosion de puissance qui se déverse tant sur scène que dans la fosse. Les slammeurs ne prennent pas encore possession des bras tendus pour les faire naviguer, mais ça ne va pas tarder, et sur scène Mike Muir et sa bande occupent tout l’espace à leur disposition dès le premier titre, le dantesque "You Can't Bring Me Down". Le public s’agite, (mais nous sommes à Bordeaux alors n'en point trop s'en faut....) Il faut dire que Mike Muir, du haut de ses 55 ans, ne tient pas en place. Arpentant la scène dans tous les sens, frappant l’air comme un boxeur, il est fidèle à mon souvenir des précédents concerts. 

Les morceaux s’enchaînent, déclenchant inévitablement une salve de slams dans la foule. La plupart des chansons jouées sont puisées dans la discographie lointaine du groupe. Y compris ce "I Shot Reagan" plutôt rare et remis au goût du jour pour cette tournée. Pour le reste, on est en terrain balisé de « Freddumb » à "I Saw You Mommy" en passant par l’inévitable "Possessed To Skate" qui résume le goût du groupe pour ce sport comme le montre leur accoutrement. L'inévitable circle pit sur "Cyco Vision" montrera une belle alchimie entre le groupe et le public. Le groupe mettra en avant son nouvel album "Still Cyco Punk After All These Years" , notamment avec le très bon titre "F U B A R". Le tout premier album du groupe, éponyme, sera largement mis en avant notamment par la très fédératrice "Possessed To Skate" entre autres cerises sur le gâteau. Le précédent album "World Gone Mad" est aussi mis à l'honneur avec le single "Clap Like Ozzy" repris en choeur par le public. Bien entendu, il n’aura échappé à personne que depuis 2016 le poste de batteur est occupé par Dave Lombardo, batteur historique de Slayer, mais également ex-frappeur de Testament, entre autres. Et même si cela fait très plaisir de voir Dave derrière les fûts avec le groupe originaire de Venice Beach, on peut regretter un certain manque de finesse dans son jeu, celui ci privilégiant l'efficacité pure et simple, l'aspect "direct". Il est même plutôt discret avec cette formation. Comprendre par là qu’il ne fait pas spécialement étalage de son bagage technique qui fait pourtant sa réputation dans le milieu. Si Muir ne l’avait pas fait se lever pour recevoir une ovation, on l’aurait à peine aperçu derrière ses fûts.

Quoi qu’il en soit, Suicidal Tendencies est à la hauteur de sa réputation. Véritable bulldozer sur scène, le groupe est surtout bien proche de son public. Mike Muir discutera longuement entre les titres, rendra un bel hommage aux équipes du Krakatoa, louant l'accueil qui leur est fait ici lors de chaque passage. Il invitera un fan sur scène à chanter avec lui sur "War Inside My Head", et plus globalement invitera le public à le rejoindre en plein milieu de set, et ce à plusieurs reprises. Un peu longuet pour les gens restant dans le public, car il faut compter presque 5mn à chaque fois pour faire sortir tout le monde ... Sur scène, si Lombardo paraît loin dans le fond, la totalité de l’espace est mise à profit par les 4 autres membres qui la parcourent de long en large, Muir allant même parfois à ras des crash-barrières. Mais la plus grosse claque fut "How Will I Laugh Tomorrow" qui est certainement une des chansons les plus abouties du groupe au niveau musical, avec ses alternances entre passages calmes et énervés et ses riffs au taquet. L'effet est garanti lorsqu'il est enchaîné avec "Pledge Your Allegiance", avec un Mike Muir qui fit une fois de plus monter sur scène une cinquantaine de personnes pour foutre le bordel.. Les "géniteurs" du skate-punk sont toujours vivants et ont l'air de prendre toujours autant de plaisir à jouer après presque 40 ans d’existence, il suffisait de voir les vannes et les sourires  qui fusaient tout le long du concert entre les membres du groupes. Ils donnent toujours également beaucoup de plaisir aux personnes présentes dans les salles qui les accueillent. Donc, ma foi, pourquoi s'arrêter.... 

Texte et photos : Laurent Robert

Merci beaucoup aux équipes du Krakatoa pour l'accréditation, et plus particulièrement à Alice.

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SETLISTS :

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Durée : 95 mn

01. You Can't Bring Me Down  
02. Two Sided Politics  
03. I Shot The Devil  
04. F.U.B.A.R.  
05. Lost Again  
06. Clap Like Ozzy  
07. Freedumb  
08. Trip at the Brain  
09. Send Me Your Money 
10. War Inside My Head  
11. I Saw Your Mommy  
12. Possessed to Skate  
13. Subliminal  
14. Cyco Vision 
15. How Will I Laugh Tomorrow  
16. Pledge Your Allegiance 

GLOCK 203 :

 Durée : 40mn

01. Intro
02. Survival
03. Deep Enough
04. Adversity 
05. In Strife
06. YNP
07. Stamford City
08. Once And For All
09. Stick Tight (Terror)
10. Glock 
11. Pure Strenght

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