Korpiklaani (+ Trollfest + Turisas), Bordeaux, Krakatoa, 2019.02.28

9 mars 2019

Korpiklaani (+ Trollfest + Turisas), Bordeaux, Krakatoa, 2019.02.28

GALERIES PHOTOS COMPLETES EN BAS DE PAGE

C'est avec un grand plaisir que j'ai accepté la proposition de Laurent de le remplacer sur ce concert. J'avais vraiment envie d'aller à cette soirée et j'accepte donc la proposition sans une hésitation. Il faut dire que le plateau en vaut la peine. Pas moins de trois groupes. Les Norvégiens de Trollfest que je vais découvrir, Turisas, dèjà vus deux fois à Bordeaux et que j'ai très envie de revoir, et bien sur Korpiklaani et leur mélange de pagan et de folklore finlandais. Retour sur cette folle soirée.

Tout débute très tôt, à 19h15, avec Trollfest. Ces Norvégiens là ce sont un peu les farceurs du folk metal. Ils ont l’art et la manière de faire la petite blague qui va bien et de regarder les spectateurs dans les yeux afin de voir si ils rigolent. En ce début de soirée ils entrent en scène affublés de divers costumes et de chapeaux ballons. La première idée qui vient à l’esprit, c’est que le public venant à peine d’arriver, n’est certainement pas prêt pour cela. Tout un attirail de fête composé de ballons, guitares à lumières LED, saxophones... Avant l'apéro c'est difficile à faire avaler. Mais que nenni ! La combinaison batterie / tambours de Trollmannen, le vocaliste, renforce l’impression de gros bordel musical, mais l’efficacité du style est redoutable. Les pieds ne peuvent pas s’empêcher de s’agiter et le public suit rapidement le mouvement. Étonné. Enchanté. Dr. Leif, dans la merveilleuse reprise de "Toxic", remplace Britney Spears à la quasi perfection. Le même déhanché sexy (Ou pas), les mêmes mouvements de danse. Enfin, presque. C'est un génie ce gars là ! Le côté bordélique d’un folk metal très agité, voire même un petit côté jazzy, parvient à retenir le public dans la salle malgré le fait que ce soit l'heure de la binouze. Nous n'avons pas vu passer le temps, et c'était certainement le but. Congrats !

Changement complet d'ambiance avec Turisas. Les ballons et cotillons ont été rangés, place aux guerriers maquillés. Je dois avouer être venu un petit peu pour eux. Je suis même très impatient. La salle s'éteint, les fans sont là, et une intro grandiloquente, quasi religieuse, retentit dans les enceintes de façade. Les guerriers arrivent, tout de cuir vêtus, et dans leur habituel maquillage rouge et noir. Le set débute avec "As Torches Rise", morceau datant de 2004 et ayant drôlement vieilli. On frôle presque le ridicule avec tous ces claviers omniprésents. surmixés. Il va falloir trouver un autre morceau pour débuter les concerts messieurs... Mais ce n'est que mon avis. Dès le deuxième morceau, l'arrivée de la violoniste Caitlin De Ville, remplaçante d’Olli Vanska, apporte un supplément d’âme au groupe. Une louve est lâchée au milieu de la meute qui occupe la scène. Elle nous gratifiera d'ailleurs d'un superbe solo de violon sur le morceau "Five Hundred And One". Comme à son habitude c'est à grand renfort de coups de poing sur la poitrine que Mathias Nygard harangue la foule. L’épique "A Portage To The Unkown" séduit. L'indispensable "Battle Metal" est bien sur de la partie avec une moitié de la salle hurlant "Battle !" et l'autre lui répondant "Metal !". Les choses sont quand même bien faites... Lol. Mais c'est logique, non ?. Il y eu également "Stand Up And Fight", toujours aussi efficace en live. Sur album aussi d'ailleurs. Le souffle du vent dans les cheveux à la proue du drakkar ennivre le Krakatoa avec "Hunting Pirates". Cette soirée est décidément placée sous le signe des reprises puisque bien sur le groupe interprète sa fameuse reprise de BONEY M : "Rasputin". Britney Spears, Boney M, on se demande quelle sera la reprise de Korpiklaani.. Fin du set mais les musiciens reviennent pour un rappel en mode acoustique, alignés sur le devant de la scène. Ils parviennent à créer une atmosphère mystique. avec "The March Of The Varangian Guard" et "For Your Own Good". Le public étant très attentif, et ravi de ce final doucereux rempli de..... Sensualité. Lol. Pourquoi pas les faire revenir une prochaine fois en tête d'affiche à Bordeaux, après trois passages en guest avant d'autres groupes, ils le mériteraient bien non ?

La tête d’affiche de ce soir est donc Korpiklaani, que j'ai déjà vu, et je sais bien qu'ils vont nous proposer, comme à leur habitude, une grosse fête champêtre ! Preuve en est le backdrop déployé en fond de scène... Backdrop à l’image de l’illustration de "Kulkija", le dernier album aux sonorités plus mélancoliques, apaisantes, que ses prédécesseurs. Les Finlandais insistent d’ailleurs sur ce dernier album, avec pas moins de dix titres proposés et pas forcément bien exécutés. Voire maltraités. La qualité indéniable des chansons est là, mais la prestation de Jonne Järvelä les massacre. Manifestement il ne connaît pas les paroles et va les lire sur un prompteur, le visage la plupart du temps masqué par son chapeau et son micro, peut être pour ne pas montrer cette faiblesse... Sur les chansons lentes, comme "Aallon Alla", cette attitude passe. Pas besoin de sauter partout sur une chanson au tempo adagio. Il peut alors faire penser à un vieux crooner, fatigué, éreinté par la route. Lassé. Et c'est bien le problème. On sent une lassitude certaine. Et les autres musiciens ont beau se démener, au bout d'un moment ça ne passe plus.

D'autant plus que cette attitude passive n'est pas du tout crédible sur les titres les plus entraînants du dernier opus. Les morceaux rapides comme "A Man With a Plan", ou encore les odes à l'alcool que sont "Beer, Beer" et "Vodka", sont poussifs, comme les deux titres heavy que sont "Wooden Pints" et "You Looked Into My Eyes" pourtant tirés du premier effort du groupe, "Spirit Of The Forest" sorti en 2003. Les musiciens, à l’image de du violoniste et de l'accordéoniste, semblent s’ennuyer sur scène et, malgré sa bonne volonté, le public finit par lâcher le morceau. Et l'ambiance s'en ressent. Quel dommage qu’un groupe avec une telle qualité d’écriture donne bien trop souvent des concerts de mauvaise qualité. C'est tellement préjudiciable que Il serait peut être de bon aloi de faire peut être moins de dates afin de sortir des concerts de bonne qualité..... Non ? Cette soirée, qui s'annonçait joviale, se termine sur une demi (trois quart) déception. Et c'est avec étonnement que je me rends compte que le meilleur moment de la soirée a été le set de Trollfest, que je ne connaissais pas. Turisas étant en complet pilote automatique et Korpiklaani sans idées. Gloire et honneur aux Norvégiens ! Avis purement personnel.

Photos : Antoine Barland.

Texte : Eric Pigolas.

Merci beaucoup aux équipes du Krakatoa pour l'accréditation, et plus particulièrement à Alice.

GALERIES PHOTOS :

KORPIKLAANI :

CLIQUEZ ICI

TURISAS :

CLIQUEZ ICI

TROLLFEST :

CLIQUEZ ICI

-----------------------