Blues Pills + Kadavar + Stray Train, Bordeaux, Le Rocher De Palmer, 2016.10.28

4 novembre 2016

Blues Pills + Kadavar + Stray Train, Bordeaux, Le Rocher De Palmer, 2016.10.28

Blues Pills Kadavar

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Énorme soirée au Rocher de Palmer en ce 28 Octobre 2016. Prévue depuis quelques mois, le retour de Blues Pills en terres Bordelaises est à marquer au marqueur rouge sur les agendas des rockers Girondins.Effectivement, lors de leur dernier passage au Rocher de Palmer en Mars 2016, le concert avait dû être interrompu après 30 minutes suite à une panne générale d'electricité dans le quartier. (Vous trouverez un live report complet de cette soirée en cliquant ICI) le groupe avait promis de revenir dans les mois suivants. C'est donc le cas 7 mois plus tard.

La soirée commence avec les slovènes de Stray Train, qui suivent Blues Pills sur la tournée européenne, avec quelques dates en plus uniquement avec les allemands de Kadavar. Totalement passés inaperçus en France, ils vont essayer de réveiller le public Bordelais durant trente petites minutes. Prenant place sur l'avant de la scène, le groupe joue une musique fortement inspirée de la scène de Los Angeles, malgré le fait qu'ils soient originaires de Llubjana. Ils se sont rencontrés lors de leurs études secondaires dans cette même ville, et font de la musique ensemble depuis ces années là. Simplement par plaisir avant tout. La voix chaleureuse de Luka Lamut couplée aux riffs solides de Jure Golobic et de Boban Milunovic aux guitares permettra juste à Stray Train d'avoir un succès d'estime. Il faut dire qu'ils avaient le mauvais rôle, que beaucoup de groupes ont connu avant d'avoir du succès : Ouvrir tôt, devant une salle à pratiquement vide, devant un public qui ne les connait absolument pas. Mais le groupe aura déployé une belle énergie afin d'essayer de convaincre, sans jamais rien lâcher, et manifestement certains avaient entendu parler de leur single "Wander Man" tiré de leur premier album au titre à rallonge ""Just ‘Cause You Got The Monkey Off Your Back Doesn‘t Mean The Circus Has Left Town" (SAOL Records) sorti en Juin dernier. Au final on a quand même une légère impression de musique assez

répétitive, déjà entendue maintes et maintes fois. Le groupe a fait ce qu'il a pu avec ce qu'il avait... C'est à dire peu de temps, peu d'espace, peu d'ambiance. A revoir lorsqu'ils auront un petit peu grandi.

La soirée continue avec les Franco-Allemands de Kadavar (Depuis 2013 le français Simon Bouteloup a remplacé l'Allemand Philip Lippitz à la basse). Avec le succès de leur dernier album "Berlin" sorti chez Nuclear Blast en 2015, le trio s'est forgé une place chez les grands. Et pourtant Dieu sait qu'ils arrivent de loin. Une fable comme la musique n'en donne plus depuis bien longtemps. Les trois Allemands se retrouvent à Berlin en 2012 sans un sou.Ils s’habillent dans les friperies ce qui, conjugué à leurs cheveux longs et leur aspect élancé leur donne un style assez efféminé. Seules leurs longues barbes empêchent le doute. Puisque c'est dans un bar de Berlin qu'ils se sont rencontrés, c'est dans les bars de la capitale Allemande qu'ils vont se forger une énorme fanbase à force d'assomer leurs auditoires à grand coups de riffs démentiels et de rock stoner étourdissant. En 5 ans ils passent donc des bars de Berlin au petits clubs Européens, pour finir en 2017 en première partie de Blues Pills dans des salles bien plus grandes. Nul doute que bientôt ils repasseront en tête d'affiche dans ces mêmes endroits....

Avec Kadavar on parle de stoner rock mais leur style a beaucoup évolué depuis leurs débuts. Le set démarre d'ailleurs avec "Come Back Life", un morceau du dernier album écrit en partie par Simon Boiteloup, d'où la ligne de basse omniprésente. La voix de Lupus Lindemann fait étrangement penser à celle du Ian Anderson (Jethro Tull) des années 70. Puis vient le très bluesy "Pale New Eyes". Gros riff de guitare à la wah wah, mid tempo. Il est loin le temps où le groupe n'était que lourdeur avec son stoner puissant. Dorénavant les garçons ont mûri et leur musique se teinte de blues Hendrixien comme sur ce titre. Il n'empêche que les fans de la première heure ne seront pas dépaysés avec des morceaux comme "Living In Your Head" ou encore "Forgotten Past",

datant tous deux de 2012. Comment ne pas penser au Sab en écoutant ces titres.

Le son est fort, puissant, lourd. Très lourd. Tout le monde est KO debout tellement le groupe joue fort. Christoph Bartelt derrière ses fûts se démène comme un damné. Le seul gimmick du groupe est d'ailleurs deux ventilateurs justement dirigés sur le batteur, qui s'en donne à coeur joie pour faire voler sa chevelure dantesque, et s'amuse a fixer les photographes avec un regard de damné.. Le groupe n'est pas très mobile sur scène, mais est-ce ce qu'on leur demande ? Ils font le job, y prennent plaisir, et donnent du plaisir à leur auditoire. Et c'est bien là le principal.

Sur "Last Living Dinosaur" Lupus Lindemann prends des allures de Ozzy Osbourne. La voix est quasiment identique. Avec en plus une petite réverbération bien sentie qui nous ramène au Sab des années 80. Preuve en est que leurs glorieux aînés sont bien une influence majeure du groupe. Même si Kadavar a perdu en rythme avec son dernier album "Berlin", sur scène les morceaux de ce dernier restent d'une puissance implacable. Preuve en est le solo à la fin de "Last Living Dinosaur" qui laisse tout le monde pantois. Le show se terminera par deux titres majeurs. Le premier est "Creature Of The Demon", bien connu des fans du groupe. La basse de Simon suivant à la lettre les riffs de Lupus donne une puissance unique au titre, n'ayant pourtant pas un tempo très rapide. Le set se clôturera définitivement sur une reprise de "Helter Skelter" des Beatles. Déjà repris maintes et maintes fois (Oh les fans de métal se souviennent bien de la version de Motley Crue...) la version de Kadavar va en choquer plus d'un. Non seulement le son est beaucoup plus rugueux que la version originale (On est pas un groupe stoner pour rien...) et Ringo Starr, si il tombe sur une vidéo de Kadavar interprétant ce titre éclaterai sûrement de rire en voyant Christoph Bartelt derrière son kit de batterie headbanguer comme un fou, les cheveux au vent, assénant ses coups de massue à tous ses tomes et cymbales... Lui qui se contentait de se dandiner sur son tabouret, et disait à qui voulait l'entendre après ce titre qu'il avait des cloques sur les mains. On ose à peine imaginer les doigts de Bartlet... Le show s'achève sur ce titre et le public aura beau essayer de rappeler les trois chevelus, c'est peine perdue.

Changement de plateau, mise en place du décor de Blues Pills. Venir en dernier est toujours un peu un problème, même si on est en tête d'affiche. Le premier groupe essuie les plâtres, le deuxième à le beau rôle, et arriver en troisième est souvent délicat car il est tard, et le public peut être fatigué. Mais c'était un vendredi soir, et malgré le fait que deux précédents groupes avaient déployés toute l'énergie possible pour faire chauffer la température, les Blues Pills étaient attendus de pied ferme.

Back drop psychédélique déployé en fond de scène, c'est avec énergie que le groupe balance les deux premières chansons de leur nouvel album "Lady

in Gold" (Nuclear Blast Records). "Little Boy Preacher " et la chanson titre "Lady In Gold" d'entrée de jeu. On remarque tout de suite Rickard Nygren, le désormais cinquième Blues Pills, qui officie à la guitare et aux claviers pendant les tournées, car dès l'intro du premier morceau il officie aux piano. Vu du public le guitariste Dorian Sorriaux, Breton d'origine, est sur la gauche comme à son habitude, la section rythmique, composée du Suédois André Kvarnstrom qui s'installe derrière son kit de batterie en milieu de scène et du bassiste Américain Zack Anderson (ex- Radio Moscow) qui enfile sa basse côté droit. Puis Elin Larsson entre en scène, véritable boule d'énergie, avec un chant puissant et une voix rauque. Elle porte tout de suite le show à bout de bras et avec sa performance énergique prouve que 46 ans après la mort de Janis Joplin, les femmes ont encore une place prépondérante dans le Rock. Elin choisi la fin de ces deux titres pour faire un trait d'humour au sujet du précédent concert du groupe en Mars dernier, espérant qu'il n'y aura pas de panne d'electricité cette fois ci....

"Bad Talkers" démarre, titre au rythme effréné et tout en énergie, enchaîné avec "Won't be Back", toujours aussi rapide dans le tempo mais beaucoup plus subtil dans le phrasé de guitare, où Dorian s'en donne à coeur joie dans un super solo tout en wah wah. Derrière Elin le groupe joue serré mais n'est pas aussi énergique que la musique du groupe gravée sur album pourrait le laisser penser. Chacun reste dans sa propre zone sans trop bouger, ce qui rend la performance de la chanteuse encore plus décalée, car elle, elle ne retient pas ses efforts en vivant son show de façon beaucoup plus extravertie que ses collègues. Un peu d'interaction entre les gars aurait fait des merveilles, dommage que chacun reste sur sa partition.

Blues Pills a pour habitude depuis quelques années de jouer sur scène "Elements And Things" de Tony Joe White. Sorti à l'origine en 1969 en version électro acoustique, il est ici complètement électrifié, avec deux gros chorus de Dorian Sorraux qui maltraite sa Gibson SG comme il se doit. Le groupe a construit son spectacle avec de nombreux titres du nouvel album, promotion oblige, et a prouvé qu'ils ont bien mûri depuis leur premier effort. Une chanson comme "You Gotta Try" a une mélodie que l'on retient tout de suite, mettant la batterie au premier plan, le tout accompagné par le riff de Dorian et d'une nappe de claviers. Comme c'est le cas sur pas mal de morceaux du dernier album, "You Gotta Try" démarre de façon soft, pour finir en véritable boule de feu, à l'image de Elin qui secoue sa crinière en tout sens en sautillant sur place,

Le groupe a ensuite continué avec une triplette enchaînée absolument démentielle, à savoir "High Class Woman", titre phare du premier album qui a régulièrement ouvert les concerts du groupe, d'une puissance implacable, complètement addictif, ce morceau est peut être le plus fort du groupe. Bonne idée de le placer juste avant le rappel, surtout quand il est enchaîné directement avec "Ain’t No Change" et "Devil Man". Sur l'intro de ce dernier les paroles sont chantées a capella par la chanteuse, comme si elle prêchait dans une église baptiste du sud de l'Amérique profonde. Fort. On sent l'émotion etreindre tous les rockeurs cloutés de la salle...

Le public a quelques minutes pour se remettre de ses émotions car c'est le rappel, et Elin revient seule pour chanter au piano "Felt A Change". Quelle voix, mais quelle voix... Émotion bis des rockeurs cloutés... Limite larme à l'oeil !! Alors que Elin présente le reste de la bande qui revient sur scène pour conclure le set, Zack Anderson entame l'intro de "Rejection", titre du dernier album qui monte en puissance progressivement, basse omniprésente. La chanteuse remercie chaleureusement les spectateurs d'être venus avant de conclure le show avec "Gone So Long", morceau absolument parfait pour terminer un concert, Elin pouvant chanter de façon beaucoup plus bluesy que sur bien des titres du groupe.

Le groupe, très en forme, aura offert une prestation très carrée, peut être trop parfois. Mais c'est un véritable show, sans faille, tout en puissance. Pour les fans de rock blues old school (Ten Years After / Blues Breakers / Janis Joplin) c'est vraiment à découvrir sur scène, rien que pour la prestation de Elin Larsson, un petit peu seule à se démener au centre de la scène (A l'image de Beth Ditto dans Gossip..) Même si le Rock and Roll a ses conventions et ses règles, cela devrait rester avant tout un amusement. Et c'est vrai que parfois, en regardant Zach Anderson ou Dorian Sorraux, on peut les trouver trop centrés sur leur jeu, trop concentrés. C'est ,certes, une grande qualité, mais qui peut vite se transformer en défaut, car à être trop concentré on gagne en technicité mais on peut perdre en émotion. Détendez vous les garçons. Et ce sera juste parfait.

Photos de Emma "Oudjat" Derrier

Report de Emma "Oudjat" Derrier (Partie live) et Laurent Robert.

Merci beaucoup au Rocher De Palmer pour l'accréditation, et particulièrement à Aurélie.

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LIEN DE LA GALERIE COMPLETE DE BLUES PILLS :

LIEN DE LA GALERIE COMPLETE DE KADAVAR :

LIEN DE LA GALERIE COMPLETE DE STRAY TRAIN :

SETLIST DE BLUES PILLS :

01. Lady in Gold
02. Little Boy Preacher
03. Bad Talkers
04. Won't Go Back
05. Black Smoke
06. Bliss
07. Little Sun
08. Elements and Things (Tony Joe White cover)
09. You Gotta Try
10. High Class Woman
11. Ain't No Change
12. Devil Man
(Rappel)
13. I Felt a Change
14. Rejection
15. Gone So Long

SETLIST DE KADAVAR :

01. Come Back Life
02. Pale Blue Eyes
03. Doomsday Machine
04. Living in Your Head
05. Last Living Dinosaur
06. Black Sun
07. Forgotten Past
08. The Old Man
09. Thousand Miles Away From Home
10. All Our Thoughts
11. Creature of the Demon
12. Helter Skelter (The Beatles cover)

MUSICIENS :

BLUES PILLS :

- Elin Larsson : Voix

- Dorian Sorriaux : Guitare

- Zach Anderson : Basse

- André Kvarnström : Batterie

KADAVAR :

- Lupus Lindemann : Chant / Guitare

- Simon Bouteloup : Basse

- Christoph Bartelt : Batterie

STRAY TRAIN :

- Luka Lamut : Chant